Hello la team Hypee Style !
On se retrouve aujourd’hui pour une nouvelle interview du mois avec le célèbre cuisiner, Arnaud Tabarec !
Ce mois-ci, notre team digitale est allée à la rencontre du cuisiner Arnaud Tabarec qui travaille au restaurant le roof au sein de l’hôtel Five Seas Hotel.
Une très belle rencontre que nous vous partageons aujourd’hui 😁 C’est parti !
1) À quel âge avez -vous commencé à être passionné par la cuisine ?
J’ai commencé la cuisine quand j’avais 15 ans et je dirais que c’est à peu près à ce moment-là que j’ai commencé à être passionné.
2) Qu’est-ce qui vous a motivé, en 2012, à rejoindre le Five Seas Hotel ? Que vous apporte cette collaboration d’un point de vue professionnel ?
Je rentrais de Singapour et j’ai atterris à Paris. Quand tu pars de Singapour qui est une ville très “safe” et que tu arrives à Paris le changement est un peu violent, donc j’ai décidé de quitter Paris. Cannes c’était le bon compromis. Il y a beaucoup d’étrangers donc tu te sens quand même dépaysé et le cadre de vie est génial. Et je suis complètement tombé amoureux de l’hôtel, si j’avais dû dessiner un lieu pour travailler cela aurait été exactement le même que le Five Seas. Un petit hôtel mais en même temps très luxe et très branché où il y a beaucoup de possibilités.
3) Vous animez l’émission Hell’s Kitchen depuis 2016, que vous apporte cette notoriété et cette expérience ?
Ca flatte l’égo déjà !. Après pour être honnête je ne suis pas sûr que je referai d’autres saisons ou même d’autres émissions de télé. Cette notoriété, ce n’est pas pour moi. Ca peut paraître très prétentieux de dire ça mais tant qu’on ne l’a pas vécu on ne sait pas. J’étais persuadé que j’allais adorer ça, les selfies etc. J’aime bien au boulot, quand je suis à l’hôtel mais quand je suis en famille avec mon épouse et ma fille, ce n’est pas fait pour moi.
4) Vous êtes très actif sur les réseaux sociaux, pensez-vous qu’ils représentent un enjeu dans la promotion de la gastronomie ?
Un chef m’a dit une fois “Tu as beau être un bon chef, si personne ne sait que tu existes tu ne sers à rien”. Il y a le savoir-faire, et le faire savoir. Aujourd’hui on a des outils à notre disposition pour communiquer. Avant c’était les journalistes qui communiquaient autour de notre image, on avait pas de gestion de notre image. Maintenant on le fait comme on l’entend. Moi par exemple j’ai l’image que je veux avoir sur Instagram, j’aime moins Facebook et Twitter je n’y connais rien mais j’adore Instagram. C’est ma personnalité, avec mes blagues, mes tatouages, ma fille…
5) Pensez-vous que le dressage et l’esthétique d’un plat soit une forme de communication de la part du chef avec ses clients ?
Oui, clairement. Ca donne du style. Bizarrement, j’étais très axé sur le dressage quand j’étais dans le gastronomique, on avait un restaurant étoilé ici, et ça donnait le style du restaurant. Maintenant qu’on est passé en bistronomie il a fallu épurer au maximum, plus c’est brut plus ça correspond au style du restaurant. Pas besoin d’artifices, le produit suffit à lui-même. Le problème qu’on a aujourd’hui c’est que le visuel passe avant le goût. On va manger des fleurs ou des herbes qui ne servent à rien dans l’assiette et dont le goût n’a rien à voir. Si c’est juste pour être joli, non.
6) Quel est l’outil de communication que vous préférez pour mettre en valeur votre cuisine ?
J’ai été très longtemps photos et Instagram du coup. Maintenant je suis en train de réfléchir à comment faire des petites vidéos assez ludiques pour donner envie aux gens de cuisiner et prouver que c’est facile, tout le monde peut le faire. Il faut du temps et accepter de rater parfois, ça m’arrive encore aujourd’hui personnellement. C’est pas grave, je recommence. Il faut cuisiner avec ce qu’on aime et être patient.
7) D’où vous vient l’inspiration concernant la création de vos plats et l’élaboration de nouvelles cartes ? Utilisez-vous des outils spécifiques pour trouver de nouvelles idées ?
L’inspiration vient de mes voyages et surtout de quel produit j’ai le jour J. C’est en fonction du marché et de mes fournisseurs. C’est la photo du marché le matin qui me donne l’inspiration. Après il y a aussi l’expérience, les goûts… Par exemple je ne vais jamais avoir envie de faire une fraise au mois de décembre. Je veux être dans un esprit local, mettre de l’intelligence dans ce que je fais. Le but à la fin c’est avoir serré la main de tous les producteurs qui sont venus dans ma cuisine, humaniser le process. Au delà du local ça devient humain. La tomate que je vous sers à midi, je connais son producteur. Du coup tu cuisines complètement différemment. Tous les éléments de cette composition sont exceptionnels donc le plat devient exceptionnel par la qualité des produits.
8) L’hôtel organise des soirées French Touch tous les samedis, en qualité de chef êtes-vous impliqué dans le développement de ces concepts ? Si oui, de quelle façon ?
Je suis plus qu’impliqué car c’est l’une de mes idées. J’ai un statut particulier à l’hôtel car je suis chef de cuisine et directeur de la restauration donc je suis impliqué sur tout. Même au niveau de la communication je valide tout. Au Five Seas on est peu à décider, il y a le directeur général, le directeur administratif, la directrice de la communication, la directrice hébergement et moi. On se réunit souvent et on prend les décisions ensemble. Le but c’est de garder cette ligne conductrice. Les soirées French Touch sont parties d’un constat simple : j’avais envie de sortir sans pour autant aller en boîte, je veux apprécier de la bonne musique que je connais, et je me suis dit que si ce concept me plaisait alors ça pouvait plaire à d’autres. Et au final j’ai tous les âges, de 18 à 70 ans, c’est juste génial parce que c’est rassembleur.
9) De quelle manière travaillez-vous avec le service communication et événementiel du Five Seas Hotel pour planifier les événements ?
On se voit tous les jours quasiment. Avec Jade notre community manager, on s’envoie des idées tous les jours via une conversation Whatsapp. Souvent elle me fait changer d’avis car parfois je peux être assez fermé (rires) car elle a un oeil avisé et elle est très douée dans ce qu’elle fait. Après moi je viens mettre un peu mon grain de sel dans certains détails.
10) Êtes-vous amené à intervenir d’une manière ou d’une autre dans la création de contenu sur les réseaux sociaux du Five Seas ?
On a une politique au Five Seas qui dit “Seul tu vas plus vite mais ensemble on va plus loin”. On partage beaucoup d’idées entre nous. On avance plus vite avec plusieurs cerveaux et on est tous différents, c’est ce qui nous rend riches. Après je ne poste pas car Jade a un ton bien à elle, une ligne de conduite, je ne veux pas intervenir dans son travail mais il m’arrive de lui envoyer des photos à poster.
11) A l’image d’un graphiste qui utilise photoshop & illustrator, vous arrive-t-il de penser d’abord au design & aux couleurs plutôt qu’à la composition d’un plat ?
Oui dans la mesure où je suis persuadé que la nature est bien faite. Par exemple un panais et du parmesan ça matche car les teintes sont les mêmes. Il n’y a pas longtemps mon producteur de légume m’a apporté des produits, avec Jade on faisait des photos et elle a posé une caisse de petits pois sur une caisse de fraises. Je me suis dit “si c’est là le même jour et que les caisses sont l’une à côté de l’autre c’est qu’il y a une raison”. Si ça se rapproche, s’il y a des connexions c’est que ça doit marcher.
C’est marrant parce qu’il y a quelques années j’ai travaillé avec un nez. Moi quand je sens quelque chose je l’associe à une couleur. On avait travaillé sur un parfum à l’époque et je lui disais “je veux du vert et du jaune” alors au début il ne comprenait pas. Puis il avait cherché en fonction de ce que ça représentait pour moi. Le vert pour les herbes, le jaune pour le citron etc.
12) Si vous étiez dans la peau d’un community manager, de quelle façon mettriez-vous un plat en valeur et quel ton utiliseriez-vous pour susciter l’intérêt de l’internaute ?
Je regarderais ce qui se fait. Les photos d’il y a 4 ans ne sont pas les mêmes qu’aujourd’hui. Il faut être dans l’ère du temps. Moi je suis addict à Instagram donc je regarde tout le temps ce qui se fait. Et il faut aussi respecter le produit, par exemple quand je prends en photo un plat c’est qu’il sort juste de la cuisine, ce n’est pas du fake. Ce n’est pas juste pour la photo et ensuite ça ne ressemble pas à ça quand on le voit arriver à la table.
13) Est-ce que vous suivez des chefs un peu “concurrents” sur Instagram ?
Je suis quelques chefs mais bizarrement la mouvance ce n’est pas les chefs qui la donnent. On est encore trop “old school”, on suit trop la vague donc on est pas précurseurs. A l’étranger il y en a quelques uns mais parce qu’ils doivent avoir un département communication juste incroyable. Après j’adore le compte d’Alex Atala qui est un chef un peu fou, tatoué, très rock’n’roll, qui poste peu de cuisine mais qui marque par son côté décalé. Ca permet de désacraliser le côté “chef en tenue blanche” sur Instagram. Il faut humaniser. Quand je suis arrivée au Five Seas on était simplement un hôtel, et je me suis dit qu’il fallait le gérer autrement, montrer les personnes et faire en sorte que les clients nous connaissent. J’aurai gagné mon pari quand les gens arrêteront de dire “On va au Roof” et diront “On va chez Arnaud”. C’est l’humain qui fait le lieu et qui fait la différence.
14) Quels sont vos projets futurs ? Avez-vous de nouvelles collaborations à venir ?
On a effectivement un projet au Five Seas. Je veux créer un restaurant gastronomique mais en mode “pop-up”. Juste quand j’en ai envie et sans pression. Le Roof restera tel quel, avec cette identité de plats simples à partager mais je suis en train de créer une petite salle dans l’hôtel où on fera 10-15 couverts hyper gastro mais seulement 3 ou 4 soirs dans le mois, pour me faire plaisir et faire plaisir à mes clients fidèles, sans la pression des guides et des journalistes derrière.
15) Avez-vous un ingrédient secret à nous conseiller pour impressionner notre Directeur au prochain repas d’équipe ?
Tu l’emmènes chez moi 😉 Non le seul moyen d’impressionner quelqu’un c’est de savoir ce qu’il aime et de mettre suffisamment d’amour dans ce que tu fais pour qu’il le ressente. C’est le geste qui compte, tu peux reprendre un plat qu’il aime comme les sushis, mais si c’est toi qui le reprends et qui le fais à ta manière ce n’est plus pareil et il va se dire “Ils se sont creusé la tête pour me faire des sushis eux-mêmes”.
On espère que l’interview d’Arnaud Tabarec vous aura plu ! On vous souhaite une belle journée & à très vite pour de nouvelles interviews😍